jeudi 28 avril 2016

"Les chats masqués" : Turlututu, on ne bouge plus !


Reçu de la part des éditions Frimousse, l'album des Chats Masqués s'adresse aux petits lecteurs qui vont bientôt lire tout seuls (genre Petit Loulou). En plus de l'histoire en elle-même, l'album comporte des petits jeux et énigmes, pour faire participer l'enfant, ça s'appelle la collection " Jeux lis - Je commence à lire et je joue", et c'est chouette !



Voici donc l'aventure de trois chats, Chapito, Chafoufou et Charivari, qui mènent l'enquête pour retrouver qui est donc le voleur des bijoux de Madame Ninie ...

L'histoire est pleine de rebondissements, et l'action, ça plaît à Petit Loulou, qui était à fond dedans, et qui a bien vite répondu aux petites énigmes parsemées dans le texte, dont voici un exemple :


Coloré et attractif pour les petits lecteurs, l'album a bien plu ici (ça fait trois soirs de suite qu'on me le réclame !), même si, personnellement, le style des illustrations n'est pas tellement ma tasse de thé (ça tombe bien, ce n'est pour moi, en même temps). C'est vraiment le seul petit bémol que je mettrais, car cet album est comme un dessin animé pour mes petits lecteurs : des héros sympas, de l'action, des jeux, et surtout pas de temps mort dans le texte. Depuis cette lecture, nous répétons la fameuse phrase "Turlututu, tu ne bouges plus !", en rigolant (Petit Loulou aime bien enquiquiner ça soeur, et bon, j'admets l'avoir utilisé aussi pour -enfin- avoir leur attention).





Merci aux éditions Frimousse pour l'envoi !

"Les chats masqués : les bijoux volés", de Nancy Guilbert et Séverine Duchesne, éditions Frimousse, 2016

lundi 25 avril 2016

"Et devant moi le monde", Joyce Maynard


Depuis le temps que je voulais lire ce livre ... Et c'est chose faite, grâce à une amie qui me l'a offert (coucou Anaïs !). J'ai lu quelques romans de Joyce Maynard ("Les filles de l'ouragan", "L'homme de la montagne"), et j'avais entendu beaucoup de bien de ce titre, qui est son autobiographie.


C'est un gros pavé de 500 pages, qui commence par l'enfance de Maynard, et explore sa vie d'ado, d'adulte, de femme et d'écrivain, ainsi que sa relation avec Salinger à l'âge de 18 ans. 

J'ai beaucoup apprécié la plume de Joyce Maynard, et j'ai trouvé ce livre fascinant. Elle nous parle d'abord de son enfance, de ses parents intellectuels, qui la poussent, presque qui "l'élèvent" comme un futur écrivain, de l'alcoolisme de son père, du tempérament excentrique de sa mère, et de son sentiment d'être en-dehors du coup, différente des jeunes de son âge, et ce même à l'université. A l'âge où ses copines s'amusent et sortent, la jeune Joyce envoie ses nouvelles aux magazines, appuyée par ses parents qui corrigent son travail. Elle ne sort pas le soir, ne s'intéresse pas aux garçons.

Elle écrit pourtant un article sur la jeunesse de sa génération (elle qui est finalement si différente) au New York Times Magazine à 18 ans, article qui aura un retentissement important, qui lui amène des contrats avec des éditeurs, ainsi qu'une tonne de courrier, et parmis ces lettres se trouve celle d'un certain J.D. Salinger, qui lui dit toute son admiration.

La jeune fille commence alors une correspondance suivie avec l'écrivain célèbre, puis le rencontre et emménage chez lui. La description de leur relation est fascinante : Salinger va vraiment modeler cette jeune fille timide et naïve, lui imposer son régime alimentaire (ce qui lui vaudra de l'anorexie), sa vision de la vie et surtout de ce que doit être un écrivain, ainsi que sa solitude, Salinger s'étant retiré du monde. 



Puis, du jour au lendemain, Salinger congédie Joyce, froidement, et celle-ci va devoir se reconstruire. Elle y arrivera, aura un mari, des enfants, mais restera toute sa vie hantée par le souvenir de cette année vécue dans l'ombre de cet écrivain étrange, qui l'a façonnée comme une poupée.


J'ai littéralement dévoré ce livre en quelques jours, fascinée. Plusieurs passages à la fin du livre m'ont marquée, ce sont ceux sur la maternité, que je trouve très intelligents :







Je n'ai rien lu de Salinger (pas même "L'attrape coeur" !), mais le portrait fait ici de ce grand écrivain n'est guère flatteur : froid, distant, psychorigide, cynique, asocial, manipulateur, il n'a pas grand chose pour séduire, que sa plume et son aura ... La façon dont il se débarrasse de Joyce Maynard, du jour au lendemain, comme d'un mouchoir usagé, est ignoble, ainsi que sa façon de la traiter des années plus tard, quand elle vient le voir pour la dernière fois, pour tenter de comprendre et d'exorciser cette relation de destruction.

Ce livre est aussi un formidable récit de vie, celle d'une jeune femme exceptionnelle, mais qui a été toute sa vie façonnée par les autres. Ses parents, très tôt, en ont fait un écrivain, délibérément, par ambition, puis Salinger l'a initiée à sa discipline de vie.

Son récit de l'époque, de ses amitiés, de ses amours, sa vision de la maternité, de l'écriture, tout est passionnant.

Vous l'aurez compris, ce livre est coup de coeur, qui m'a tenue en haleine de bout en bout, et qui m'a donné envie de découvrir l'oeuvre de Joyce Maynard (pas tellement celle de Salinger, tiens, tiens ...).


"Et devant moi le monde", Joyce Maynard, 10/18

dimanche 24 avril 2016

"Bulles de savon", Emma Giuliani


Attention, les yeux !!!

"Bulles de savon" est autant un objet d'art qu'un album ... 

Une petite fille fait l'inventaire de tout ce qu'elle n'a pas oublié : les bulles de savon, l'automne, les fournitures scolaires toutes neuves, les soirs d'été, tout ce qui fait une enfance. Un album qui ne raconte finalement pas grand chose, mais qui liste les petits bonheurs.

Une languette à tirer change la couleur des cerises ...

OUI, il y a une petit carnet et NON, Petit Loulou, tu ne peux pas écrire ton nom dedans




L'album est plein de volets à soulever, de petits fanions en ribambelle, de trésors ... Ce qui le rend superbe, mais aussi très fragile ! Il est dès lors indispensable de le lire avec l'enfant, et de ne pas le laisser entre les toutes petites mains des bébés ...


La dernière image est très belle, et quand on ferme le livre, les deux enfants s'embrassent ("Oh les zamoureux !, oui Petit Loulou).


Un album pépite, une poésie dans les images, les matières, les couleurs, qui font de ce livre plus un "livre-objet" à admirer qu'une lecture à laisser seul à l'enfant, ce qui est le "défaut" de cette merveille, que je n'aurais sans doute pas dû commander pour la bibli (on verra combien de temps il tient ....), trop fragile ...


"Bulles de savon", Emma Giuliani, Les Grandes Personnes, 2015

mercredi 20 avril 2016

"Le bonheur dans le crime", Jacqueline Harpman




Dans le cadre du "mois belge d'Anne et Mina", j'ai envie de vous parler d'un de mes romans préférés, un de ceux qui m'ont marquée. J'ai presque tout lu de Jacqueline Harpman, et, avec son chef d'oeuvre qu'est '"La plage d'Ostende", ce roman est celui que je trouve le plus fascinant.

Un conducteur est coincé dans un embouteillage lors d'un soir de tempête à Bruxelles. 
Arrêté devant une mystérieuse maison de l'avenue Franklin Roosevelt, il se met à raconter à la personne qui l'accompagne l'étrange histoire de ses occupants, depuis les années 1900. 

Et quelle famille que les Dutilleul ! Il y a Emma, l'arrière grand-mère, qui n'aime rien de moins que choquer, les parents Simone et Philippe, un peu dépassés, et les enfants, Delphine, Hippolyte,mais surtout Clément et Emma. La maison recèle des passages secrets, portes cachées, pièces mystérieuses, où il se passe parfois des choses que l'on préférerait cacher.  Cette famille a des secrets ... Le narrateur, prêtre et médecin, viole ses deux serments de confidentialité en racontant l'histoire de cette famille, histoire qui le fascine depuis des années, où la folie, le suicide, l'inceste côtoient le "bonheur dans le crime".

Ce roman est exquis à plusieurs points de vues : d'abord l'histoire, qui est palpitante de bout en bout, ensuite les personnages, profonds et enlevés,  qui fascinent. La maison-mystère joue un rôle important dans le récit. Elle existe, d'ailleurs, dans cette même avenue de Bruxelles . Jacqueline Harpman s'en est inspirée pour ce roman.

La maison Delune, au 86 avenue Franklin Roosevelt, à Bruxelles



Le mystère rôde autour de cette famille, de même que la folie. Harpman est psychanalyste et ça se sent. Le style de l'écriture est à tomber à la renverse pour qui aime la langue française. On écrit plus comme ça. Les envolées, les monologues, les descriptions, les dialogues savoureux, les expressions si bien choisies, tout le roman est magistralement écrit.
Il est, en plus, impossible de s'ennuyer lors de cette lecture. Les personnages hantent le lecteur, même une fois le livre refermé.

Une lecture foisonnante donc, pour un roman riche et inoubliable, doté d'une écriture sublime, par une très grande romancière belge ... Que demander de plus ?

A découvrir sans hésiter !


Le bonheur dans le crime, Jacqueline Harpman, Espace Nord, 1999






lundi 18 avril 2016

"Où es-tu Léo ?" et "Le nuage policier"





Deux jolies lectures récentes, en ce lundi matin ensoleillé !




On continue les petites merveilles, avec l'histoire d'amitié d'un petit garçon et de son chien Léo :




Un album épuré, au texte court, pour nous conter le quotidien de tendresse de l'enfant avec son chien.

Mais Léo a encore disparu, ce coquin ... où peut-il être ? Le petit garçon le cherche, tout en nous racontant ses souvenirs avec lui, depuis tout bébé. 

Portrait d'une amitié, cet album superbe est magnifiquement illustré, tout en douceur.

A découvrir sans hésiter !


"Où es-tu Léo ? ", Guillaume Olive et He Zhihong, éd. Seuil Jeunesse, 2016


Album parfait pour les p'tits mecs qui jouent à la police et aux pompiers (genre le mien), c'est l'histoire d'un petit nuage qui rêve de devenir policier. Avec son ami l'hélico (qui ressemble pas mal à "Planes" de Disney), ils vont voir le chef de la police, qui accepte d'engager notre nuage.



Le nuage essaiera d'arrêter un voleur, de faire la circulation et de surveiller un parc, mais à chaque fois, il y a un petit souci ...




Désespéré, notre nuage pleure toutes les larmes de son corps, et il arrose ainsi une maison en flammes ... C'est le capitaine des pompiers qui est content ! Aurait-il enfin trouvé sa voie ?



Une très chouette histoire pour les petits qui sont fans de la police et des pompiers, avec des couleurs vives et des dessins clairs et attractifs. Petit Loulou (5 ans) est un poil grand pour ce petit album, mais il devrait faire fureur chez les 3-4 ans.


"Le nuage policier", Christophe Niemann, L'école des loisirs (Lutin poche)

samedi 16 avril 2016

"Imagine", une merveille ...




Pour ma première participation au rendez-vous du "Mois belge d'Anne et Mina", j'ai choisi un album sublime, 100 % belge.

"Imagine" est un de nos albums préférés ici, il est magique. C'est l'histoire d'Oriane, qui reçoit bébé un doudou, un petit hippopotame, avec qui elle vit des tas d'aventures.



Mais un jour, son doudou a l'air tout raplapla ... Comme cassé, et il ne veut plus jouer.

Inquiète, Oriane demande conseil à ses parents, au soleil, à la lune, au grand chêne, ... 

Mais personne ne sait ce qu'il se passe, personne ne comprend sa tristesse. 
"C'est juste une peluche, c'est normal qu'il ne bouge pas", lui répond sa mère.



Et puis, un vieux monsieur l'interpelle, et lui révèle son truc pour rendre tout vivant ... Quelque chose que tout le monde oublie ... "Il suffit de fermer les yeux", lui dit le vieil homme ... et d'imaginer.




Cet album me touche par la beauté incroyable de ses illustrations, par son thème (le pouvoir de l'imaginaire), et par le message délivré aux enfants, qu'il suffit d'inventer pour vivre des aventures merveilleuses !


"Imagine", Charlotte Bellière et Ian De Haes, Alice éditions, 2014



InstaBooks#2


Un message caché ? ;-)

jeudi 14 avril 2016

"La folle rencontre de Flora et Max", comme une bouteille à la mer


Deuxième roman de Coline Pierré que je lis, après "Ma fugue chez moi", deuxième bonne pioche !

Écrit à quatre mains avec Martin Page, ce roman épistolaire met en scène deux ados un peu paumés, Flora et Max. Tous deux sont enfermés : Flora est en prison après avoir violemment agressé une fille de sa classe, et Max n'ose pas sortir de chez lui et a quitté le lycée, victime de crises d'angoisse et de tétanie.

Max, le premier, écrit une lettre à Flora, qui lui répond. Peu à  peu, ils se découvrent et se livrent, et leurs lettres vont être pour eux un petit phare, une source de lumière et de joie, prisonniers qu'ils sont chacun à leur manière.

L'histoire de Flora est celle de la violence du harcèlement scolaire, tandis que Max souffre de sa phobie du monde réel. L'une rêve d'évasion et de sortie, l'autre ose à peine sortir un demi pied et survit pendant des mois sans mettre le nez dehors.

Chacun à sa façon apprivoise la solitude, mais leurs lettres, lancées comme des bouteilles à la mer ou des bouées de sauvetage, vont peu à peu devenir leur point d'ancrage, ce qui leur permet de tenir, de s'accrocher à la vie, et, au bout, de voir la fin du tunnel de sortie(s) .


Un très joli roman, lumineux et positif, lu au soleil en deux petites heures, deux belles plumes à suivre ...


"La folle rencontre de Flora et Max", de Coline Pierré et Martin Page, L'école des loisirs, 2015


mercredi 13 avril 2016

InstaBooks # 1

Une nouvelle lubie ce soir (encore une, oui) : vous faire partager sur ce blog les jolies illustrations, photos, citations autour du livre, des bibliothèques, des librairies, du plaisir de lire, trouvées ici et là, au gré de mes vagabondages sur le web ...

Même que j'appellerais ça "InstaBooks", pour faire smart ;-)

ça vous dit ?

Number one !



"Avant de t'oublier", de Rowan Coleman




Voici donc ma seule lecture de vacances ! Un beau roman, pas franchement joyeux, sur l’Alzheimer (et précoce, en plus).




Le titre original du livre est "The Memory book": Greg, le mari de Claire, lui offre un carnet de cuir dans lequel chaque membre de la famille écrira ses souvenirs avec Claire.

Le roman fait entendre plusieurs voix : celle de Claire, au présent, qui est de plus en plus perdue, celle de Caitlin, sa fille, qui assiste impuissante à l'évolution de la maladie, et celles de la mère de Claire, ainsi que son mari, qui écrivent dans le carnet.

Parallèlement à la dégringolade mentale de Claire, se développe une autre intrigue autour de sa fille, qui porte un secret, ce qui permet d'alléger quelque peu le côté "pesant" du thème de la maladie d'Alzheimer. Claire, peu à peu, ne reconnaît plus ses proches, perd ses mots, jusqu'à se mettre en danger, ainsi que sa petite fille de trois ans. Elle ne peut bientôt plus sortir seule, et a la sensation d'étouffer, de perdre pied. 

On connaît l'issue inéluctable de cette maladie, et on assiste à ses ravages sur Claire mais aussi sur son entourage, où chacun perd une femme, une fille, une mère.

Il y a dans ce libre des passages bouleversants, notamment sur la maternité et l'amour que Claire porte à ses filles :






Mon seul reproche est une certaine mièvrerie dans certaines scènes entre Claire et un homme rencontré au café, Ryan, et dont elle s'éprend. J'ai parfois levé les yeux au ciel devant les dialogues un peu trop sirupeux (et la conclusion de cette histoire avec Ryan l'est également).

Dans l'ensemble, sans être un coup de coeur, ce fut une lecture (de vacances) agréable ...


"Avant de t'oublier", Rowan Coleman, Milady, 2015



mardi 12 avril 2016

"Le collectionneur de sentiments", du bonheur en bocal !




Un vieil homme solitaire se promène dans la ville, un filet à la main. Que cherche-t-'il à attraper ? Des papillons ? Non, des sentiments ... Le nuage rose qui s'élève au-dessus des amoureux, le bleu de l'espoir, la tristesse d'une dame seule sur son banc ... Le vieil homme attrape ces émotions, et les enferme dans d'étranges bocaux.

Un jour, un garçon l'interpelle et lui demande pourquoi, le but de son étrange attitude. Surpris, notre vieil homme hésite, car il n'a pas l'habitude de raconter son secret ... Mais il finit par se livrer au garçon, et lui montre sa collection.



Le garçon découvre, émerveillé, les bocaux colorés et leurs étiquettes :



Le vieil homme est fatigué d'avoir tant parlé, et Lucas lui apporte un verre d'eau. Doucement s'élève alors un nuage bleu .... Que Lucas s'empresse d'attraper et de classer avec les autres .... sauf que cette fois, c'est enfin le vieil homme qui vit une émotion ...



Quelle jolie découverte que cet album ! Le thème de la solitude y est traité de manière originale et poétique, et l'histoire se savoure comme un petit conte de fées moderne ...

Petit Loulou a beaucoup aimé, et demande toujours de bien lire tout ce qu'il y a d'écrit sur les étiquettes des bocaux .... 

Merci à Alice Editions pour l'envoi ! 


"Le collectionneur de sentiments," Léa Vervoort et Jérome Le Dorze, Alice Jeunesse, 2015