mercredi 30 août 2017

"Le bonheur est une valise légère", de Frank Andriat : chronique et interview ;-)



La quatrième :

Souvent, il suffirait d'un signe pour que nous trouvions notre chemin : un regard, une main tendue, un sourire. Selma a réussi dans la vie mais elle n'est pas heureuse. Placer le faire avant l'être l'a perdue.

Un jour, elle rencontre un homme paisible dans un train, quelqu'un qui lit Christian Bobin et qui, comme elle, adore Jean-Jacques Goldman. Au fil du temps, il lui apprend que le bonheur est une valise légère et que la vie qu'on accueille apporte plus de joie que celle qu'on maîtrise.



Après avoir eu un énorme coup de cœur, il y a quelques mois, pour "Jolie libraire dans la lumière", je suis tombée, le jour de sa sortie, sur le nouveau roman de Frank Andriat. Curieuse, j'ai lu la quatrième de couverture et j'ai été charmée, même si je dois avouer pour être honnête que la mention de Jean-Jacques Goldman a eu son importance dans mon achat (je l'aime depuis que j'ai ... 8 ans ?).

Rentrée chez moi, j'ai entamé ma lecture ... et je l'ai lu d'une traite (ou quasi. En vrai, il y a eu une interruption obligée de gestion d'enfants). Au départ, j'ai eu un peu peur d'être tombée sur un énième roman de développement personnel (le livre est édité chez Marabout, mais se trouve bien dans la rentrée littéraire en librairie !), et je n'avais pas du tout accroché avec "Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une", le best-seller du genre.

A la deuxième partie du livre (après Pression vient Dépression - mais ne fuyez pas !), j'étais ferrée.
J'ai suivi Selma dans sa chute, bougonné contre son imbécile de patron, eu envie d'avoir Lauranne comme copine, et craqué sur le documentaliste aux boucles folles (ben oui).

Grégoire, l'homme paisible qui aidera Selma à sortir la tête de l'eau m'a troublée. J'étais partagé entre la sympathie et le réconfort que dégageait le personnage, et l'idée qu'il était trop sage pour être vrai (oui, je me suis même posé des questions sur sa réalité). Appréciant les conseils justes et doux qu'il prodigue à Selma, je l'ai trouvé tout de même un poil trop lisse ...

Si j'ai tant apprécié ce roman, c'est que je m'y suis un peu retrouvée. J'ai été entourée de quelques personnes qui ont su m'écouter réellement quand j'en ai eu besoin, et me donner une foule de conseils qui m'ont beaucoup aidé, qui, à la manière de Grégoire m'ont "montré le chemin, et donné un bâton de marche".

Selma s'aide des chansons de Jean-Jacques Goldman et Frank Andriat parsème son roman de quelques paroles de chansons, qui ont plus été pour moi un joli clin d'oeil qu'un réel apport à l'histoire. Mais, qui n'a pas déjà pleuré sur "Puisque tu pars" ? ... J'étais forcément touchée.

Ce roman se lit vite, se dévore, que dis-je, et la plume de Frank Andriat nous amène tout en douceur à réfléchir à la vie de fous que l'on mène, au boulot qui nous presse comme des citrons, au peu de temps que nous consacrons à juste rêver, regarder en l'air et apprécier la beauté du monde. Combien de personnes, la nuque baissée sur leur smartphone, loupent un vol d'oiseaux ou un coucher de soleil par la vitre du train ? A traiter leurs mails jusque 22 H au lieu de déconnecter, et de savourer l'instant présent ? C'est de cela dont il est question dans ce roman : du burn out qui nous guette, à vouloir en faire plus, toujours plus, et même trop ... De la beauté de la vie, des plaisirs simples et de l'importance d'être en accord avec soi-même, de se respecter, pour vivre heureux et apaisé ...

Une très très jolie lecture, merveilleusement écrite, que je vous recommande chaleureusement !







En bonus, Frank Andriat m'a fait l'honneur de bien vouloir répondre 
à une mini interview, à lire ci-dessous ! 


* Quel a été le point de départ pour l’écriture de ce roman ?

C’est une belle histoire de collaboration et de confiance entre auteur et éditeur. Agnès,
l’éditrice de "Jolie libraire dans la lumière" en 2012, a continué de suivre mon travail quand elle
est passée chez Marabout. Cela a donné naissance à "Clés pour la paix intérieure" en 2014 et à ce
nouveau roman, réalisé cette fois avec une de ses collègues, Aline, qui désirait que j’écrive un
texte psychologique.


* Il paraît chez Marabout, en collection "Essai psychologie"... Était-ce une volonté d’écrire un
roman à tendance "développement personnel", un genre qui se répand aujourd'hui ?

— Oui, c’était le projet de mon éditrice, Aline. Et j’ai trouvé beaucoup de plaisir à écrire un
roman centré sur le développement intérieur de mon héroïne. Ceci dit, si Marabout s’est adressé à
moi pour écrire ce livre, c’est parce qu’il n’est en rien éloigné de mes autres textes : "La forêt
plénitude" raconte l’histoire d’une ado qui s’ouvre à sa vie intérieure, "Pont désert", celle d’un
homme qui dresse le bilan d’une existence perdue à chercher à l’extérieur le bonheur qu’il a au
fond de lui, "Jolie libraire dans la lumière", celle d’une jeune femme qui se reconstruit grâce à son
amour pour les livres. J’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à inventer le parcours de Selma et sa
rencontre avec Grégoire.


* Ne trouvez-vous pas Grégoire TROP sage pour être crédible ? ;-) 

— Grégoire est devenu sage. Il le dit dans le livre, il a connu des difficultés dont, effectivement,
je ne parle pas. C’est l’histoire de Selma, pas la sienne. Alors, promis, pour qu’il devienne
réellement crédible, pas trop parfait, j’écrirai un roman où je décris son parcours, sa galère.
J’aime bien ce personnage qui donne de l’espoir et qui apporte de l’apaisement à Selma
complètement déboussolée.


* Pourquoi Jean-Jacques Goldman ? Lui avez-vous envoyé votre livre ?

— Jean-Jacques Goldman est un chanteur que j’apprécie énormément. Son ouverture à l’autre, à
la différence et son sens du partage me touchent beaucoup. Mes élèves de l’athénée Fernand
Blum de Schaerbeek et moi avons écrit un livre à son propos en 1992. J’ai eu quelques échanges
épistolaires avec lui. Je ne possède pas sa nouvelle adresse, il vit à Londres désormais, mais si je
trouve un moyen de lui faire parvenir le roman, je le ferai.

* Quel est votre secret personnel pour rendre votre valise plus légère, au quotidien ?

— Les clés de Grégoire pour ouvrir la porte du bonheur sont un peu les miennes, mais je vous
avoue que, parfois, la porte reste coincée. Vivre dans la pleine conscience du moment présent,
être ici et maintenant, donner plutôt que de vouloir prendre, accueillir la vie comme elle vient et
rendre grâce pour toutes les petites joies. Comme votre intérêt pour mon livre, par exemple.



Retrouvez Frank Andriat sur son site !


- "Le bonheur est une valise légère", Frank Andriat, Marabout, 2017

lundi 21 août 2017

La Vocation, Sophie Fontanel : "Sans l'élégance, je serais morte"




La quatrième :

"Traversant tout le XXe siècle, La Vocation raconte le destin d'une famille d'émigrants arméniens fascinée par l'élégance française.

En 1923, Méliné a 22 ans et fuit les persécutions subies par son peuple en Turquie. On a pendu son père. Elle quitte son pays pour la France, une page de Vogue coincée dans sa manche. Elle rêve de mode. 
80 ans plus tard, sa petite fille, Sophie, pourtant linguiste de formation et journaliste, accepte le poste de Directrice de la Mode à ELLE, concrétisant ainsi, en quelque sorte, le destin familial. 

Mais qui fut la plus heureuse des deux ?"



A sa sortie, j'avais beaucoup entendu parler de ce roman, sans être attiré vers lui pour autant. Je trouvais la couverture très moche, je ne savais pas trop de quoi ça parlait. 

Et puis, je suis tombée sur la version poche, avec sa jolie photo d'une petite fille en noir et blanc (oui, je suis tombée dans le piège du marketing), j'ai lu la quatrième, les premières lignes, et je suis repartie avec. 

Je l'ai mis dans mon sac, et cette lecture m'a accompagnée pendant mes trajets en train vers le boulot. C'était pratique : alternant les chapitres entre l'histoire de Méliné, dans les années 20, et celle se Sophie dans la mode 80 ans plus tard, le livre est très digeste, très agréable à lire. J'aime beaucoup les bouquins qui virevoltent entre passé et présent ...

Je ne suis pas une modeuse, je me fiche des tendances, je m'habille plutôt "confort et talons plats", et je ne lis jamais de Elle, de Vogue ou autre.

Et pourtant, j'ai adoré cette histoire autobiographique ! J'ai adoré suivre Méliné, ses soeurs, sa passion de la couture. J'ai ri des mésaventures de sa petite fille Sophie, propulsée directrice de la mode grâce à son "adoration des beaux habits", mais qui ne comprend pas bien ce qu'elle est censée faire, et son récit des rencontres, fêtes, shoooting m'a ravie. Les personnages sont très attachants et le récit bourré d'humour et de légèreté.

Sophie Fontanel a une réelle voix, une écriture, et son sujet qui ne m'intéressait à priori pas du tout, m'a finalement passionnée. Je me suis régalée avec cette histoire de famille, qui, traversant tout le 20 ° siècle, de la Turquie à Paris, nous conte avec allégresse la passion, la vocation de ses femmes, leurs rêves, leurs espoirs et leurs aventures ...

"La vocation", Sophie Fontanel, J'ai lu, 2017



jeudi 17 août 2017

L'ours qui jouait du piano



Je reprends doucement les chroniques ici, ça sent la fin des vacances (et la rentrée, yeah - #mèreindigne). Cela fait bien longtemps que je n'ai plus parlé d'albums ... Il faut dire qu'entre Petit Loulou qui devient accro aux BD depuis qu'il sait lire et délaisse ses autres livres, et Mini Louloute qui s'en fout un peu, le nombre d'albums que je ramène à la maison a diminué ... (snif).

Ce livre-ci est une petite merveille, vous allez le voir par vous-même ...

L'ours découvre un jour dans sa forêt un drôle de truc. Un piano.  Il s'y installe et se délecte des sons qui en sortent, ce piano devient son meilleur ami.


Ses amis viennent l'écouter jouer, et toute la forêt en parle, jusqu'à ce que, fatalement, la rumeur d'un ours prodige arrive aux oreilles humaines ... L'ours est alors attiré vers les propositions qu'on lui fait miroiter : des concerts dans la grande ville, des affiches à son nom, tout ça, tout ça ....



Grisé par son succès, l'ours vit des choses merveilleuses, et joue de son piano tous les soirs devant une foule de plus en plus grandissante ... Mais il s'ennuie de sa forêt, et de ses amis ...




Quand il revient, son piano a disparu, et pas un seul copain en vue ... l'auraient-ils oublié ? Seraient-ils fâchés ?

Mais non, les amis de l'ours sont, au contraire, fiers de sa réussite, et on collé les affiches de ses concerts dans la forêt !




Ce livre enchanteur traite de la passion de la musique, de l'amitié, et des rêves qui se réalisent, le tout sous la plume d'un jeune auteur britannique, David Litchfield, dont c'est le premier album.

Un jeune talent à suivre, car ses illustrations sont magnifiques, avec une lumière et une poésie incroyables !

"L'ours qui jouait du piano", David Litchfield, Belin jeunesse, 2016

mardi 8 août 2017

Accro aux sacs, moi ?



En tant que passionnée et accro des sacs à main, je ne POUVAIS pas passer à côté de ce livre.

J'avais déjà lu avec délectation le bouquin de Jean-Claude Kauffmann "Le sac, un petit monde d'amour", mais je me suis bien plus régalée avec celui-ci, qui donne de précieux conseils ...

Le livre est divisé en 8 chapitres tous plus passionnants les uns que les autres :

* Le nombre de sacs nécessaires
* Qu'est-ce qu'un bon sac ?
* Comment bien acheter son sac
* Porter le sac qui nous va
* L'organisation du sac
* Alléger son sac
* Prendre soin de ses sacs
* Du sac de voyage à un art de vivre minimaliste


On le voit, l'auteur est une adepte du minimalisme, et a écrit d'autres livres dans cette approche. En tant qu'accro aux sacs, comment arriver à un certain minimalisme ? Comment arrêter d'acheter des tas de sacs qui ne nous conviennent pas et comment trouver LE sac qui nous fera oublier les autres ?

J'ai lu ce petit livre en vacances et, c'est bien simple, je l'ai lu deux fois d'affilée. Une fois en le dévorant et en passer mon temps à opiner de la tête et à marmonner "oui, oui, c'est ça, oui, c'est vrai" (comme une tarée), et la deuxième à souligner, annoter des passages, corner des pages.

Bref, c'est devenu ma Bible.

Je l'ai prêté à a mère, une autre accro aux sacs (coucou maman !), conseillé aux copines, je relis quelques lignes de temps en temps, bref, le méga coup de coeur.

Dominique Loreau mêle anecdotes personnelles et mini témoignages de femmes aux conseils pratiques sur la façon de choisir son sac en magasin (toucher, sentir, essayer, examiner le sac, fonctionner au coup de coeur MAIS penser aux aspects pratiques), sur l'art de l'organiser (oh, ce chapitre sur les pochettes et trousses !), mais aussi sur comment le vider, l'alléger, tout en soulignant ce paradoxe : les femmes veulent un sac léger mais contenant tout.

Depuis que j'ai lu ce livre, j'ai dressé une liste des caractéristiques de "mon sac idéal" : couleur, forme, façon de le porter, poches nécessaires, doublure idéale, etc ...

Cela m'a aidé à faire un grand tri parmi mes sacs à main qui dormaient dans mon placard, à me poser les bonnes questions sur mes erreurs d'achats, à garder mes préférés, et à revendre les autres, bref, à faire un petit pas vers le minimalisme ...

Je me retrouve donc avec "seulement" 5 sacs préférés ... Je suis fière de moi ;-)

Un petit livre que toute accro au sac se doit de dévorer vite fait !


"Mon sac, reflet de mon âme : l'art de choisir, vider et ranger son sac", Dominique Loreau, Flammarion, 2017



PS : en bonus, mes cinq sacs préférés, donc .... (oui, ils sont tous brun ou camel, je sais)

Le Camille de chez Sabrina Paris

Un sac de chez Sylvain Piot, maroquinier à Marseille

Une besace "100 % Toscana", achetée en Italie

Isaure, de chez Sabrina Paris

Le Cosmos, de Longchamp

jeudi 3 août 2017

Les Reflets d'Argent : "Aucune histoire ne peut diminuer la douleur de perdre un être que l’on a aimé et que l’on aimera toujours"




Découverte par hasard, en farfouillant dans ma chère librairie d'occasion, Susan Fletcher est un de ces auteurs dont j'ai envie, une fois lu, de courir m'acheter tous les titres.

J'ai lu celui-ci, son quatrième roman, sous le soleil d'Italie, et je l'ai adoré, savouré, bref ce fut un joli coup de coeur !

La quatrième :

"Les caprices de la mer ont toujours rythmé la vie des habitants de l'île de Parla. C'est ainsi depuis la nuit des temps et cela ne changera pas.

Pour les familles Bundy et Lovegrove qui résident sur cette île depuis des générations, il n'y a rien d'autre à faire que d'accepter la routine et la perte des êtres chers qui s'en vont un à un. 

Un jour pourtant, un homme mystérieux s'échoue sur la plage de Sye, un homme qui ressemble étrangement à l'homme-poisson porteur d'espoir dont parle le livre qui rassemble les mythes de l'île. Cette découverte, que tous voient comme un signe de renouveau, va réveiller l'âme de cette communauté pour mieux la faire renaître."



Ce roman est enchanteur à plus d'un titre : l'onirisme et la poésie de l'écriture, d'une part, le côté "légendes et mythes", de l'autre, mais c'est tout simplement une très bonne histoire. Un bon gros pavé de plus de 500 pages qui vous emporte loin, sur l'île de Parla, avec ses marées, ses criques et ses grottes, et les reflet d'argents mystérieux des vagues ... 

Les personnages sont tous touchants, surtout Maggie, dont on entend la voix, qui nous parle de Tom, son mari disparu en mer, de son deuil difficile, de sa culpabilité face aux sentiments troubles qu'elle ressent, peu à peu, pour cet homme, ce mystérieux "homme-poisson". Et les insulaires qui les observent, qui cancanent ...

Le roman parle de la magie des histoires qu'on se raconte au coin du feu, de l'envie qu'on a d'y croire juste un peu, mais aussi de la perte d'un être aimé, de la reconstruction de soi, en tant qu'épouse, mère, frère ou ami ... de la culpabilité du survivant, qui refait sa vie, peu à peu, dans la douleur.

Finalement, qui est l'homme-poisson ? une créature de légende ? Un amnésique ? un fou ? un menteur ? La légende nous dit que l'homme-poisson débarque sur l'île pour redonner "espoir et enchantement" aux habitants, et s'en ira, à la prochaine grande marée ... Malgré les doutes sur son identité, nul ne peut nier que tout a changé depuis qu'il est là : Maggie sourit à nouveau, le soleil brille sur l'île, les gens se parlent plus. Alors ?

C'est un livre qui nous transporte, très cinématographique, qui prend son temps, qui nous distille en plein dans le coeur des petites phrases poétiques, et que j'ai refermé à regret ...

Susan Fletcher décrit à  merveille les sentiments humains et les paysages tourmentés. Ses "Reflets d'argent" sont pour moi un joli coup de coeur, que j'ai déjà offert à une amie (coucou Mélanie !) et que je brûle de conseiller aux lecteurs de la bibliothèque .... En attendant, je me suis procurée "Avis de tempête" et "Un bûcher sous la neige", parce que quand on aime, on ne compte pas ...


Qu’est-ce qui fait une bonne histoire…il faut qu’il y ait du bonheur- des gens qui le trouvent. Il faut un paysage qui nourrisse l’esprit, et soit si parlant qu’on ait l’impression d’y être. Il faut de l’amour. Peut-être un peu de tristesse.
Et il faut voyage, d’une façon ou d’une autre.





"Les reflets d'argent", Susan Fletcher, Plon (ou J'ai lu, en poche), 2012